Préparer sa retraite, les solutions à disposition

Préparer sa retraite en Suisse, les solutions à disposition

 

La retraite, un sujet de préoccupation pour vos clients… Beaucoup de Suisses se sentent, un peu perdus au moment de choisir entre les différentes solutions proposées. Rentes ou capital, that is the question ! Pour y voir plus clair, Opsion a organisé une matinée de conférences, en partenariat avec la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève. Une cinquantaine d’adhérents sont venus écouter les conseils de courtiers partenaires, Joël Théodoloz Directeur Clients privés chez Swiss Risk & Care, Julien Devaux, Responsable de la recherche chez Alkimia, et Gladys Laffely Maillard, Fiscaliste, Présidente administratrice de Pérennial.

 

Rente de retraite, de quoi parle-t-on ?

La rente est versée à partir de 65 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes. Son montant dépend du taux de conversion appliqué au capital accumulé dans la prévoyance professionnelle tout au long de la carrière. Un minimum légal LPP est fixé à 6.8% pour la partie obligatoire uniquement.
 
Plusieurs modèles de rente cohabitent :
  • Le splitting : le taux de conversion de 6.8% est appliqué sur la partie obligatoire, tandis qu’un autre taux de conversion est utilisé pour la partie surobligatoire. Les compagnies d’assurance recourent à ce modèle.
  • Le taux de conversion unique appliqué sur l’ensemble de l’avoir de prévoyance (obligatoire et surobligatoire). Ce sont les caisses de pension dites enveloppantes qui adoptent ce système.
 
Si la rente a commencé à être servie, il n’y a pas de transmission du capital aux héritiers en cas de décès. Seule une rente de conjoint survivant fixée à 60% de la rente initiale est versée. Les rentes de retraite sont très rarement revalorisées.
 

Quelles évolutions pour les caisses de pension ?

 
Selon Joël Théodoloz, Directeur Clients Privés chez Swiss Risk & Care, il est probable que le taux de conversion passe à 5.45% en 2023. La baisse du taux de conversion de 7.2 (1985) à 6.8% (2019) ne compense pas l’augmentation de l’espérance de vie. Selon les projections, en 2030, l’espérance de vie s’élèvera à 90,7 ans pour l’homme et à 93,4 ans pour la femme. Les caisses de pension ont augmenté les cotisations d’un côté et réduit les pensions de l’autre, ce qui, combiné, représente une réduction de 4.3%. Actuellement, pour tenir le taux de conversion à 6.8% sur le minimum légal, les caisses doivent atteindre un rendement de 5% sur les avoirs de vieillesse, ce qui est considérable étant donné l’état des marchés.
Les actuaires s’inquiètent d’un possible abaissement du taux d’intérêt de la Banque nationale suisse (BNS). Déjà négatif et fixé à -0.75% depuis 4 ans, il reste inchangé selon le communiqué de la BNS du 19 septembre 2019. Pour Nicolas May, Directeur de la Fondation collective Opsion, une nouvelle baisse aurait un effet très négatif sur le taux de conversion.
 
Face aux évolutions de la société (couples non mariés, concubins ne vivant pas sous le même toit, etc.), il faut s’attendre (voire espérer) à ce que les caisses de pension fassent preuve de créativité afin d’adapter les rentes au monde actuel. Elles pourraient introduire, par exemple, un remboursement en cas de décès pour les couples non mariés. Il y a fort à parier que les rentes calculées aujourd’hui ne seront pas celles qui seront versées dans 10 ans.
Aujourd’hui, les actifs financent une partie des rentes de retraite sans que les retraités actuels n’aient une baisse du taux de conversion. Une fois la rente débutée, le taux de conversion ne change pas. Il se pourrait que cette pratique soit remise en question dans le futur.
De nouveaux produits qui mixent capital et rentes font depuis peu leur arrivée sur le marché.
 

Le capital, un choix risqué ?

Comme l’a rappelé Julien Devaux, Responsable de la recherche chez Alkimia, les investisseurs se sont rués sur des placements sécurisés après le dernier krach boursier de 2007/2008. En Europe, comme au niveau mondial, l’inflation reste très faible, voire inexistante. Les taux continuent de baisser et les salaires n’augmentent pas. La question qui se pose est de savoir si nous arrivons à la fin de ce cycle et si un nouveau émergera prochainement. Un pari sur l’avenir à tenter, selon Julien Devaux, dans le mesure où, avec la hausse de l’espérance de vie, nous avons le temps pour investir et supporter une éventuelle nouvelle baisse des actions.
 
Face à ce contexte qui reste incertain, Julien Devaux affirme le choix d’investir dans des sociétés stables. « Notre objectif est clair : créer pour nos clients un portefeuille d’actions générant la meilleure performance possible, ajustée au risque. Pour cela, nous investissons uniquement dans un nombre limité de sociétés de grande qualité, sur du long-terme », explique-t-il. Au final, cela donne des portefeuilles au subtil dosage entre des actions de sociétés ayant peu de concurrence, d’autres ayant des activités de niche peu connues, d’autres encore ayant une plus grande volatilité mais bénéficiant d’une position de leader sur leur secteur… Un mix qui suppose d’être bien conseillé par un courtier expert.
 

Rente ou capital, quelles différences fiscales ?

Qu’elles soient versées sous forme de rente ou de capital, les prestations de vieillesse sont imposables. Néanmoins, des différences existent :
  • Pour la rente : imposition avec les autres revenus au taux ordinaire (le taux d’imposition dépend des autres éléments de revenu), pas d’impôt sur la fortune sur la valeur capitalisée de la rente ;
  • Pour le capital : imposition séparée à un taux réduit, impôt sur la fortune au cours des années.
Il faut également tenir compte des différences sensibles de taux d’imposition entre cantons.
Le choix entre rente et capital dépend donc de divers facteurs relevant aussi bien d’aspects assurantiels (taux de conversion, montant de la rente de veuf/veuve, bénéficiaire en cas de décès, état de santé, etc.) que d’aspects fiscaux (rachats effectués dans les 3 ans, impôts sur le revenu ou la fortune).
 
Il existe une alternative qui consiste à réinvestir du capital retraite sur un produit de rente. Selon Gladys Laffely Maillard, Fiscaliste, Présidente administratrice de Pérennial, « Les produits de rentes certaines sont un pur produit de placement. Cet instrument financier consiste en une prime unique, suivie immédiatement ou de manière différée du remboursement échelonné de ce capital auquel s’ajoute un intérêt. En cas de décès du souscripteur, les bénéficiaires désignés continueront à toucher cette rente jusqu’au remboursement intégral du capital, y compris ses intérêts. Il n’y a donc aucune composante d’assurance ; il ne s’agit pas d’une rente viagère. »
 
Enfin, pour ceux qui feraient le choix de passer leur retraite à l’étranger, tout dépend s’il existe ou non une convention de double imposition (CDI) entre la Suisse et le pays. En cas de CDI, les impôts sont prélevés par le pays de résidence. Il peut arriver toutefois que certains pays n’imposent pas ce revenu.  C’est le cas du Portugal ou de la Thaïlande. Sans convention, la double imposition reste possible. Pour les prestations en capital, un impôt à la source est retenu. Il est donc fortement conseillé à vos clients de procéder à un calcul du revenu net avant leur départ pour un nouveau pays de résidence.